Lesbiennes, mythes et réalités
Article de Gisèle MOUGEOT pour l’Est Républicain du 30 mai 2007
Stéphanie Arc, écrivain et journaliste, rencontrait hier les lecteurs de son ouvrage « Les Lesbiennes », construit autour des idées reçues. Stéphanie Arc, auteure de « Les Lesbiennes » ou comment sont nées les idées reçues sur l’homosexualité féminine. « Ce sont des garçons manqués », « c’est génétique », « c’est une maladie psychiatrique ». Qu’ont-elles entendu encore ? Ces clichés, ces poncifs sur l’homosexualité féminine, Stéphanie Arc s’en est servi pour bâtir son livre « Les Lesbiennes ». Ouvrage que l’écrivain et journaliste parisienne, diplômée de philosophie morale et politique à la Sorbonne, présentait hier au forum de la Fnac.
Il était aussi le fil rouge d’une rencontre avec le public sur le thème « Les Lesbiennes en 2007 : mythes et réalités ». Débat en partenariat avec le collectif LGBT Lorraine, organisateur de la 5e marche des fiertés lesbiennes, gays, bi et trans, ce samedi à Nancy.
Pour vaincre les idées reçues, rien de tel que de remonter jusqu’à leurs origines. Le look, tout d’abord. « Chemise de camionneur, jean large, peu gracieuse, masculine » comme pouvait l’être Josiane Balasko dans « Gazon maudit ». Vision très réductrice. Certes, certaines ont opté pour une tenue vestimentaire masculine « par choix, par goût, par confort, par subversion ou pour correspondre à un statut de mode communautaire, pour montrer leur appartenance et leur préférence sexuelle ». Il n’en a pas fallu plus pour répandre cette image masculine de la lesbienne alors « que beaucoup sont très féminines ».
« Maladie mentale »
Pire des préjugés, cette assertion sur l’origine génétique de l’homosexualité féminine. Parce qu’un chercheur américain a prétendu avoir trouvé le gène en question. Thèse infirmée par la suite. Trop tard, le mal était fait. Stéphanie Arc insiste bien sur la « distinction entre le genre du sexe, fille ou garçon, et la sexualité qui, elle, n’a rien à voir avec le genre, et qui ne remet pas en question le sexe biologique ». Jusqu’en 1989, et ce n’est pas si loin, l’homosexualité « était inscrite par l’OMS sur la liste des maladies mentales ». « L’idée était que les lesbiennes détestaient les hommes, parce qu’elles avaient peut-être été traumatisées par un garçon, parce qu’elles avaient peut-être été agressées sexuellement ». Il fallait une cause psychiatrique à cette sexualité « hors norme ».
« Tout va mieux »
Longtemps, « c’était tabou en Occident, jusqu’à très récemment, en 1970, au moment des premiers mouvements homosexuels. Avant, on n’en parlait pas, ça n’existait pas dans les discours. Pourtant, ça a été très largement mis en scène dans la pornographie. Mais c’était pervers ».
Finalement, aujourd’hui « tout va mieux. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire ». Pour combattre la lesbophobie ressentie particulièrement au sein de la famille et des proches, pour obtenir le mariage, le droit d’adoption, pour l’insémination artificielle... Mais bon, Stéphanie Arc est « plutôt optimiste. Il y a eu un progrès énorme ». Ne serait-ce qu’à travers le titre de son livre qui ne pose aucun problème aujourd’hui. « C’était le titre que voulait Beaudelaire pour « Les Fleurs du Mal ». Il n’avait pas eu ce droit ».
« Les Lesbiennes » de Stéphanie Arc, aux Editions Le Cavalier Bleu.