Je n’aime pas les conflits
J’ai souvent entendu des femmes et des hommes s’exprimer ainsi : « Je n’aime pas du tout les conflits, j’ai peur des disputes, je déteste faire de la peine à quelqu’un en le contredisant ou en m’apposant à lui… » Ces personnes ne savent pas, qu’en refusant le conflit ouvert, ils entretiennent trop souvent et durablement des conflits latents, pérennisent des situations inconfortables, stimulent des dépendances ou des comportements parasitaires.
« Ma fille de 27, qui a pourtant deux maîtrises, l’une en biologie et l’autre en écologie, est insatisfaite de toutes les propositions professionnelles qu’elle reçoit. Elle prétend que ce qui l’intéresse c’est la nature, ce qui fait qu’elle reste toute la journée chez moi, devant son ordinateur, nouant des relations par Internet mais se coupant de tout. Je ne supporte plus sa présence et je subis cette situation avec angoisse, je ne sais pas ce qu’elle va faire ! ».
L’erreur de cette mère est de croire que c’est à sa fille de prendre la décision de quitter le cocon familial et donc de faire quelque chose (laquelle lui montre bien qu’elle ne souhaite justement ne rien faire pour elle même ! ) C’est à la mère de se positionner, d’énoncer la limite de sa tolérance, bref de donner un ultimatum à sa fille quant à la durée de son hébergement au domicile maternel et à la fin de sa prise en charge financière. Bien sûr, cela va déclencher un conflit, mais le positionnement clair de la mère (si elle en est capable !) devrait permettre à sa fille de prendre une décision (même difficile) ou de se soumettre à l’impératif de la mère et d’affronter ainsi la réalité.
La peur du conflit est liée à deux composantes relationnelles : l’image de soi et l’angoisse de réveiller des blessures enfouies.
C’est l’image de soi que l’on veut donner (imposer) aux autres en étant vu comme compréhensif, tolérant, bienveillant, qui nous piège le plus souvent et nous fait accepter (subir) l’intolérable. L’angoisse qui nous saisit à l’idée de déclencher une réaction négative (agressivité), un rejet (je te déteste), un jugement de valeur (tu es égoïste, tu ne pense qu’à toi) nous renvoie parfois à des situations douloureuses ou traumatisantes de notre passé ce qui nous empêche de nous positionner, d’être en accord avec nos valeurs et nous contraint à nous laisser définir par les désirs et les attentes de l’autre.
« Quand mon mari manifeste son intention de faire l’amour, même quand je n’ai pas le même désir, je n’ose pas l’exprimer. Je crains sa réaction (il se met à bouder et je me sens mauvaise de lui faire de la peine) alors j’accepte, je veux dire, je subis. C’est pas drôle ! ».
Prendre le risque d’un conflit ouvert est toujours une source d’ouverture qui nous permet de grandir de l’intérieur.